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L'appel du 18 juin ou la meconnaissance de l'histoire
Si je n’étais pas gaulliste, c’est que leur politique de haine n’était pas pour moi la vérité » (Antoine de Saint-Exupéry)
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« L’APPEL DU 18 JUIN » ou LA MÉCONNAISSANCE DE L’HISTOIRE
« J’aurais suivi De Gaulle avec joie contre les Allemands, mais je ne
pouvais le faire contre les Français… Il me semblait qu’un Français de
l’étranger devait se faire le témoin à décharge, et non à charge de son
pays… Si je n’étais pas gaulliste, c’est que leur politique de haine n’était
pas pour moi la vérité » (Antoine de Saint-Exupéry)
Le 18 juin 2010 sera l’occasion pour bon nombre de gaullistes de
commémorer « l’appel » (le 70ème) lancé de Londres par leur chef
spirituel. L’histoire a fait de ce discours le symbole de la résistance face
à l’occupant allemand et a qualifié le général de brigade « à titre
temporaire » Charles de Gaulle, de « premier résistant de France ». C’est
une ineptie ! De Gaulle n’a jamais fait partie de la résistance. La
résistance, c’est l’histoire du Colonel Fabien qui a débuté le 21 juin 1941.
Comme le disait Weygand, de Gaulle était un militaire, pas un
soldat et il y a à son sujet, toute une légende à détruire. Sa carrière
militaire a pris des allures très particulières, marquées très tôt par la
certitude de sa supériorité intellectuelle sur ses pairs. Ces derniers, en
raison de sa morgue et de son extrême confiance en soi, l’avaient baptisé «
le Connétable ». En fait, il les détestait tous, en particulier Juin, major
de sa promotion dans laquelle de Gaulle avait obtenu un rang médiocre.
Sa réputation de prophète d’une armée blindée moderne fait
partie de la légende. Le général Guderian, spécialiste des blindés
allemands, consulté à propos de l’influence qu’auraient pu avoir les écrits
du colonel De Gaulle sur l’emploi d’une force mécanisée, répondit : « Ces
théories sont déjà anciennes, les écrits de de Gaulle ne sont guère que de
la littérature sans réelles applications pratiques nouvelles. Nous n’y avons
pas porté d’intérêt ! »
En 1940, au commandement de la 4ème division cuirassée, il subit
un échec sanglant, prouvant d’une part son incapacité tactique et un
entêtement criminel devant les conseils de ses pairs. D’ailleurs, il
abandonna sa division en plein combat, apprenant qu’il était nommé général à
titre temporaire et que Paul Reynaud faisait de lui un sous secrétaire
d’Etat à la Défense. Le képi de général et ses deux étoiles devinrent alors
sa première préoccupation, la seconde étant de contrer Weygand par tous les
moyens.
La fin de la campagne de 1940 apporte la confirmation : De
Gaulle n’est pas un guerrier. Il n’est pas de ces officiers qui vont à
l’assaut en casoar et en gants blancs, de ceux qui crient « debout les morts
! » ; c’est un rhéteur, un communicant que son entourage appellera bientôt «
le général micro ». L’armée n’est pour lui qu’un instrument qui ne reflète
en aucun cas un symbole national.
Le 17 juin 1940, quand il quitte Bordeaux à destination de
Londres, la guerre n’est pas finie puisque l’armistice est du 24 juin.
Alors, pourquoi est-il parti en Angleterre ?
Le 17 juin, eût lieu à Bordeaux le passage des pleins pouvoirs à
Pétain et la formation du nouveau gouvernement. Or, de Gaulle eût l’amère
surprise de constater que le Maréchal n’avait pas voulu de lui. Il
connaissait trop bien l’homme et son orgueil démesuré pour lui confier un
poste dans son nouveau gouvernement. Déçu, dépité, vexé, il décida à ce
moment de quitter la France. Il attendit, caché derrière un pilier des
vestibules, le passage du général anglais Spears, lui raconta avec une mine
défaite qu’on voulait l’assassiner (une élucubration de plus) et lui demanda
de l’emmener avec lui en Angleterre dans l’avion que Churchill avait envoyé
à cette occasion. Le soir, il était à Londres et adressa un télégramme au
Ministre de la Guerre à Bordeaux : « Suis à Londres. Ai négocié avec le
Ministre de la Guerre britannique, sur instruction de monsieur Paul Reynaud,
au sujet des points suivants… » (Il s’agissait des matériels d’armement
remis aux alliés par les Etats-Unis et du sort des prisonniers allemands
actuellement en France).
La réponse arriva de Bordeaux sous la forme d’un câble adressé par le
général Colson, secrétaire d’Etat à la Guerre, à l’attaché militaire à
Londres, le général Lelong : « Informez le général de Gaulle, qu’il est
remis à la disposition du Général commandant en chef. Il doit rentrer sans
délai. »
Hésitation de de Gaulle : Obéir ou pas ? Dans un premier temps
il décida d’obéir et demanda un avion au général Lelong. Celui-ci désigna le
capitaine de l’armée de l’air Brantôme, pour l’accompagner avec l’unique
avion que les Anglais avaient laissé aux Français. Cet officier déclarera :
« Tout semblait devoir se dérouler sans encombre lorsque j’apprends que les
Anglais, sans avertir personne, avaient fait vidanger le matin même
l’essence des réservoirs et déplacer l’avion dans un hangar aux portes
cadenassées et gardées par des sentinelles en armes. »
Devant l’impossibilité désormais de rejoindre Bordeaux, de
Gaulle s’adressera aux Français, le 18 juin, sur les ondes de la BBC, en ces
termes :
« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et
soldats français qui se trouvent en territoire britannique, ou qui
viendraient à s’y trouver, j’invite les ingénieurs et les ouvriers
spécialisés des industries d’armement, qui se trouvent en territoire
britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec
moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et
ne s’éteindra pas. Demain comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de
Londres. »
Ce texte n’a rien à voir avec ce qu’on appelle communément,
l’appel du 18 Juin, où se trouverait la phrase fameuse : « la France a perdu
une bataille, elle n’a pas perdu la guerre » En effet, cette phrase ne vit
le jour qu’en Août 1940 sur une affiche placardée sur les murs de Londres.
Ce faisant, de Gaulle ne faisait que copier, la proclamation du ministre
anglais de l’information, Duff Cooper, à la suite de la capitulation de
l’armée belge.
Dès lors, de Gaulle devint pour bon nombre de Français le «
symbole de la résistance »… alors qu’il passa toute la guerre en toute
quiétude en famille, mangeant à sa faim, à l’abri des affres de la pénurie
et de l’insécurité. Mais qu’importe : La légende gaullienne était en marche…
Que serait-il advenu de l’auteur de « l’appel du 18 Juin » si le
Maréchal Pétain (respecté par les Allemands pour avoir été le seul général à
les avoir battus à Verdun), au lieu de confirmer Weygand dans le rôle de
Général en Chef, pour qu’il réorganise l’Armée d’Afrique, avait choisi de
Gaulle ? Ce dernier n’aurait, assurément, jamais rejoint Londres.
Roosevelt détestait de Gaulle et le considérait comme un
dictateur en puissance, « un arriviste » à ses yeux. Il disait de lui : « De
Gaulle se prend de temps en temps pour Clemenceau, de temps en temps pour
Jeanne d’Arc ». Par contre, il estimait Giraud qui, arrivé à Alger, fin
1942, n’avait qu’une idée en tête : recomposer une armée française pour
continuer la guerre… d’où l’animosité sans borne que De Gaulle vouait à ce
dernier.
Churchill n’estimait pas davantage De Gaulle et dira du personnage : « De
toutes les croix que j’ai portées, la plus lourde a été la Croix de Lorraine
». Un jour, il lui fit cette remarque qui le glaça : « Votre pire ennemi,
c’est vous-même. Vous avez semé le désordre partout où vous êtes passé ! »
Et le désintérêt –voire l’antipathie- qu’ils vouaient à de Gaulle amenèrent
Churchill et Roosevelt à le tenir à l’écart de leurs projets concernant le
débarquement du 8 novembre 1942 en AFN, ce qui fit s’écrier l’homme de
Colombey : « J’espère que les gens de Vichy vont les refoutre à la mer ! ».
Tenu à l’écart, il le sera aussi lors du débarquement en Normandie, le 6
juin 1944… date à laquelle l’Armée d’Afrique défilait dans Rome qu’elle
venait de libérer sous les ordres des généraux Juin et Monsabert.
Cependant, cette mise à l’écart, au lieu de provoquer chez lui un sentiment
d’humilité, aiguisera au contraire son orgueil démesuré et, désormais, sa
seule devise sera : « Moi, de Gaulle ! » Cette paranoïa, cette ambition
amèneront les catastrophes qui détruiront l’unité nationale.
Dans ses principales destructions : l’empire et l’armée qu’il a toujours
méprisée. On lui reprochera –entre autres- sa complicité dans la destruction
de la flotte française par l’aviation anglaise, le 3 juillet 1940 à
Mers-El-Kébir et du massacre de près de 1600 marins ; de l’attaque de Dakar,
le 25 septembre 1940, par cette même armada anglaise ; la guerre
franco-française de Syrie dont il fut le principal responsable. A cet effet,
en janvier 1941, le colonel Monclar, commandant la 13ème DBLE et futur
commandant du fameux bataillon de Corée, éprouvant quelques scrupules à
l’idée de devoir tirer sur d’autres soldats français, s’adressa à de Gaulle
en ces termes : « Mon général, en face il y a la Légion… La Légion ne tire
pas sur la Légion… d’ailleurs vous nous avez affirmé que nous ne nous
battrions jamais contre des Français… » Et le « chef de la France libre » de
répliquer : « Monclar ! Les Français, c’est moi ! La France, c’est moi ! ».
On lui reprochera aussi l’épuration de l’armée d’Afrique à qui il ne
pardonna pas d’avoir « gagné sans lui » ; son opposition à la libération de
la Corse par Giraud ; sa mise à l’écart de De Lattre et de Juin, généraux
victorieux qui pouvaient lui faire de l’ombre. Son égocentrisme sera
exacerbé quand le général Américain Clarck rendra au général Alphonse Juin,
après que l’armée d’Afrique se couvrit de gloire en Italie, un vibrant
hommage en ces termes : « Sans vous et vos magnifiques régiments, nous ne
serions pas là ! ». De Gaulle saura s’en souvenir…
Après sa prise de pouvoir en mai 1958, il n’eut de cesse de se débarrasser
de l’armée victorieuse en Algérie en épurant ses chefs les plus prestigieux
au bénéfice d’hommes « à lui » qui, s’ils n’étaient guère brillants sur le
plan professionnel, avaient au moins l’avantage « d’être sûrs » : Gambiez,
Ailleret, Katz, Debrosse… Le Maréchal Juin, patron de l'Armée d'Afrique qui
libéra la France avec Eisenhower, Roosevelt, Churchill eût à donner son
jugement sur l'OAS : « C'est un mouvement généreux ! » De Gaulle le mit
aussitôt aux arrêts de rigueur et lui retira toutes ses fonctions. Il
obtenait là sa revanche…
Et pourtant, on l’avait appelé, lui, de Gaulle, le sauveur, pour conserver
l’Algérie française ! Mais d’incompétence en veulerie, de fautes en
palinodies, d’abandon en trahison, de largesse en munificence, de discours
en référendums, on en était arrivé aux concessions suprêmes, à l’abdication,
à la fin sans le moindre égard pour ces milliers de morts et de disparus qui
jalonnaient l’histoire de ce pays.
Aventurier, paranoïaque, il restera, malgré la légende,
épiphénomène dans l’histoire de France. Pour avoir rêvé de dominer la France
–et probablement le monde- il avait pris un costume trop grand pour lui. Il
est mort à Colombey, les pieds dans les charentaises, devant une tasse de
camomille, sans doute étranglé par la rancœur, la haine à l’égard de ceux
qui n’avaient pas su reconnaître son génie.
José CASTANO
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
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