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Les décolonisations, épisodes tragiques de l'histoire de France, ont provoqué des mouvements de population d'une rare ampleur. De 1954 à 1964, plus d'un million et demi de personnes, de nationalité française pour la très grande majorité, sont " rapatriées " le plus souvent dans des conditions difficiles. Pour l'instant, ces migrations originales, jusqu'à l'événement rupture et traumatisme de 1962 où se mêlent des sentiments d'exode et d'exil, n'ont jamais fait l'objet d'une étude historique. Jean-Jacques Jordi se propose, grâce à des sources d'archives et documents inédits, de porter un premier regard sur les " rapatriements ". Il met en lumière les faiblesses et les errements des gouvernements en ce domaine et s'attache à discerner les rapatriés et Pieds-Noirs par rapport à la population française, leurs implantations, les tensions qui en résultent. Marseille, cette ville-phare, cette ville-témoin des rapatriements en sera l'espace privilégié. Pourtant, rien ne se passe comme prévu dans la ville phocéenne qui voit s'établir des dizaines de milliers de " rapatriés ". Dès lors, l'auteur détermine la part qu'ils tiennent dans le processus de croissance économique et sociale de Marseille et un premier constat s'impose : les rapatriés et Pieds-Noirs vont modifier la ville plus qu'aucune autre migration jusque-là. Ils sont tout autant acteurs d'une profonde transformation démographique qu'atouts de l'expansion économique de la région marseillaise et de sa capitale dans les années soixante. Enfin, Jean-Jacques Jordi démonte, par l'étude des réseaux de sociabilité et des problèmes d'identité, la perception extérieure d'une communauté pied-noir monolithique et propose de faire entrer les rapatriements dans l'histoire de France, sans haine ni fureur, hors de la logique " colonialisme-anticolonialisme ".
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Auteur : Jean-Jacques Jordi |