Mère, mon Algérie |
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Premier roman de la poétesse et plasticienne Anne-Marie Carthé, Mère, mon Algérie sonde les attaches affectives profondes avec son pays d’origine l’Algérie, où trois générations ont vécu en terre aimée. Elle invente une biographie à sa mère qui lui permet d’explorer au quotidien la convivance fraternelle des communautés musulmane, juive et chrétienne, formant un peuple riche de ses valeurs amicales et familiales.
Tout en délicatesse et dans une plume proustienne s’écrivent les moindres soubresauts d’un bonheur en construction, la vibration poétique de l’instant, la passion de la couture qu’avait sa mère, son goût de la nature et des autres.
Un attachement indéfectible à un terroir de partage, juste avant la naissance de sa fille unique, marquée par les premiers troubles, la guerre, puis l’exil.
Huit ans et seulement une poupée en main pour entrer dans l’avenir…
Extraits :
« Les mots de la langue maternelle sont-ils traduisibles ? Ils sont notre peau, l’iris de nos yeux, le cœur de nos émotions les plus intimes, les liens de nos racines même lointaines. Dans ce pays qui m’a vu naître, le castillan s’est chamarré du valencien et du dialecte oranais, offrant à mes oreilles une musique unique, généreuse, qui me parle comme aucune autre langue ne peut me parler. Je l’écoute comme aucune autre langue. J’aime ses faiblesses, ses imperfections. Elle est comme la nature humaine, jamais parfaite, mais elle est mienne. »
« C’est au bout du chemin empierré que s’offre à mes yeux Mazouna, blottie dans son écrin de verdure. Je tiens mes bagages d’une main et de l’autre mon chapeau de paille à large bord, le vent se lève, soulève la poussière. Les parfums capiteux des orangers et des citronniers exhalent les jardins et enchantent mon cœur. Nous sommes début septembre. Le soleil encore ardent oblige les habitants à rester dans les habitations ou dans les cours intérieures agrémentées d’un bassin. J’ai hâte de rencontrer la population, de lier connaissance. »
« Une imposante table de travail en chêne massif occupe la pièce, sur laquelle sont rangés des rouleaux de différentes sortes de tissus: dentelle, batiste, coton, percale, satin, soie, grande rose. Posées en son centre, des boîtes d’aiguilles et d’épingles, des paires de ciseaux spéciaux pour les travaux de couture et des petites paires dites « ciseaux à broder ». Dans un bocal en verre, des dés à coudre divers. Une forte odeur d’encaustique se dégage. Elle se mélange à celle de l’apprêt des textiles. Un rai de lumière capture les fines poussières qui s’élèvent et tourbillonnent lorsque les tissus sont manipulés. Des boutons irisés scintillent, fixés par dix sur des cartons bleus ordonnés par taille, dans une boîte métallique. Entre deux fenêtres, une grande armoire toute simple. Sur ses étagères des écheveaux et des bobines de soie d’Alger utilisés dans les travaux de tricot pour remplacer la laine, du coton perlé aux couleurs tendres, du fil d’Irlande lustré pour la confection des dentelles et des pelotes de ganse arabe qui ne détord pas et fait un ouvrage net dans l’exécution de la dentelle Macramé. »
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Auteur : Anne-Marie Carthé |
Livres - Les livres des Pieds noirs
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