Mara, l'amère |
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- Extrait du livre :
Mélaine était prostrée au coin de la rue par terre sur le sol mouillé. Sa tête était enfouie dans ses genoux. Ses magnifiques jambes repliées contre ses cuisses étaient serrées par ses jolies mains comme pour protéger son intimité d'une nouvelle agression. Des soubresauts la secouaient faisant danser autour d'elle ses boucles toujours aussi magnifiques qui n'arrivaient pas à assourdir le bruit de ses sanglots irrépressibles. Ses bas, ses vêtements étaient en lambeaux , pourtant sa silhouette à terre n'avait rien perdu de sa grâce et de sa beauté. Cependant les Majuscules semblaient avoir perdu leurs repères ! Un seul grand O Majuscule aurait pu enfermer tout son jeune corps ! Mélaine était en plein choc ! Une sensation de souillure l'envahit. Elle se sentit tout à coup sale aussi bien au dehors qu'au dedans de son corps. - Est-ce un rêve ? Est-ce à moi que cela est arrivé pensait-elle ? Comment ces hommes ont-ils pu me faire cela ? Pourquoi tant de férocité ? En plus ils auraient pu me tuer ! Une peur rétrospective lui étreignit le cœur ! - Je n'ai rien fait de mal et pourtant j'ai honte ! J'ai mal aussi, oui j'ai très mal ! soliloquait-elle. Une multitude d'émotions intenses avait envahi tout son être ! Elle avait subitement envie de se cacher. Mais elle était entrée dans un vrai cauchemar ! Elle se sentait partir, elle ne savait où... Peut-être était-ce la mort qui venait la chercher pour la dérober à tant d'ignominie, dans sa tête tout à coup tout se mit à tourner, son regard devint trouble, elle fut prise de convulsions et vomit abondamment par saccades puis ces secousses incontrôlables laissèrent place à un état de prostration et elle tomba en pâmoison. Des gens sur les balcons crièrent : - A l'aide, au secours ! tandis que ces êtres humains transformés en bêtes féroces se sauvaient comme des voleurs. Ces vils voleurs avaient dérobé un trésor inestimable à Mélaine qui destinait toute sa pureté à l'homme qu'elle aimerait un jour ! La Maréchaussée arriva avec le Docteur Achmal et une ambulance. Les premiers soins furent dispensés aux deux blessés. Le Capitaine Duchêne rentra chez lui après avoir eu quelques points de suture pour juguler le sang qui sortait de sa blessure au cou. Cet homme robuste s'en sortait avec quelques contusions.
Auteur : Christiane Ferrovecchio |
Livres - Les livres des Pieds noirs
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